Membres du Temple de la renommée du jardin
Les membres du Temple de la renommée du jardin sont des Canadiennes et Canadiens qui ont façonné le paysage du jardin au Canada. Le comité d’honneur du Conseil canadien du jardin a méticuleusement sélectionné les membres du Temple de la renommée du jardin, qui comprend des jardiniers, des horticulteurs, des concepteurs, des éducateurs et des défenseurs qui ont influencé de manière significative la culture jardin du Canada et ont défendu l’importance des jardins dans notre société.
Le Temple de la renommée du jardin permet au public de découvrir les contributions extraordinaires qu’ils ont apportées aux secteurs de l’horticulture et de l’expérience jardin, ainsi qu’à la culture jardin du Canada. Chacune des réalisations des membres du Temple de la renommée des jardins a établi de nouvelles références et constitue une source d’inspiration pour les générations futures.
« L’esprit d’innovation de la communauté horticole canadienne est reconnu à travers le monde. La création de ce Temple de la renommée permet de mettre en lumière les contributions remarquables de pionniers qui ont contribué à construire cette réputation et au dynamisme du secteur »,a dit l’honorable Marie-Claude Bibeau, ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire.
« Ces pionniers ont favorisé l’innovation et contribué à la croissance de la communauté du jardin et l’industrie horticole au Canada et ailleurs, « déclare David Galbraith, chef des sciences aux Jardins botaniques royaux, représentant du Centre d’études historiques canadiennes en horticulture et président du comité d’honneur du Conseil canadien du jardin.
Découvrez les membres du Temple de la renommée du jardin du Canada
- Catharine Parr Traill (1802 – 1889)
Catharine Parr Traill
(1802 – 1889)
Auteure et botaniste
Lakefield, Ontario
Catharine Parr Traill publie son premier livre à l’âge de 16 ans, mais ce n’est qu’à l’âge de 66 ans qu’elle publie son livre sur la botanique du Haut-Canada, « Wild Flowers of Canada ». Née à Surrey, en Angleterre, Traill a émigré au Haut-Canada au début de la trentaine. Auteure accomplie en Angleterre, où elle écrivait surtout des livres de moralité pour enfants, elle a poursuivi sa carrière d’écrivain après avoir émigré au Canada. Son livre le plus célèbre, « The Backwoods of Canada »(1836), relate ses expériences en tant que colonie de peuplement dans le Haut-Canada.
Les forêts qu’elle décrit la captivent par leur beauté. Traill s’intéresse particulièrement à la botanique, collectionnant et étudiant les plantes de son nouveau pays. Elle a collaboré avec sa nièce, Agnes Dunbar FitzGibbon, qui était la fille de la sÅ“ur de Traill, Susanna Moodie, pour créer « Wild Flowers of Canada ». FitzGibbon a illustré le texte écrit par Traill. Publié en 1868 et vendu par souscription, ce livre a suscité suffisamment d’intérêt pour faire l’objet de trois autres éditions. « Wild Flowers of Canada » est considéré par certains comme l’un des premiers guides de terrain du pays. Près de vingt ans plus tard, les deux s’associent à nouveau pour produire un examen plus détaillé des plantes observées par Traill, « Studies of plant life in Canada » (1885). Traill meurt en 1899 à l’âge de 97 ans.
Les connaissances botaniques de Traill sont très appréciées. Elle a un sens aigu du détail, essentiel à l’étude de la botanique. Bien qu’elle n’ait jamais été considérée comme une botaniste professionnelle, en partie à cause de son sexe, elle est considérée comme une figure déterminante dans l’acquisition et la diffusion des connaissances botaniques du Haut-Canada.
- Père Léon Provancher (1820 – 1892)
Père Léon Provancher
(1820 – 1892)
Botaniste et naturaliste
Montréal, Québec
Le plus célèbre des prêtres botanistes du 19e siècle a certes été l’abbé Léon Provancher.
Né en 1820 à Bécancour au Québec, ses parents remarquent rapidement que leur fils démontre un intérêt pour les sciences naturelles. Grâce à une bourse d’études il entre au Séminaire de Nicolet où il obtient fréquemment le prix d’horticulture. Devenu curé, il continue son travail de recherche sur les végétaux et publie en 1858 un Traité élémentaire de botanique, premier ouvrage du genre au Canada. Durant plusieurs années, cet ouvrage sera utilisé comme manuel scolaire dans de nombreuses écoles du Québec.
En 1862, l’abbé Provancher fait paraître Le Verger Canadien, un ouvrage qui a eu droit à trois éditions. La même année, grâce à une subvention du gouvernement, il publie Flore canadienne en deux volumes. Il s’agissait du premier ouvrage du genre à être publié en français en Amérique du Nord.
En 1868, Provancher estime qu’il est temps de doter le Québec d’un magazine consacré à l’histoire naturelle. Il fonde alors Le Naturaliste canadien dans lequel il consacre régulièrement diverses chroniques aux plantes et aux arbres du Québec.
À son décès en 1892, le Canadian Institute of Toronto qualifie Provancher de naturaliste dévoué et zélé qui a fait bénéficier le monde de la science botanique.
L’œuvre de ce simple curé de campagne relevait tout simplement du prodige.
- Delos White Beadle (1823 – 1905)
Delos White Beadle
(1823 – 1905)
Pépiniériste, éditeur horticole et auteur
St. Catharines, Ontario
Delos White Beadle était un pépiniériste, un avocat et un journaliste spécialisé en horticulture. Né à St. Catharines, il est le fils de Chauncey Beadle. Quelques années après la naissance de Delos, Chauncey ouvre une pépinière petite, mais rentable. En 1840, il y cultive plus de 250 000 arbres fruitiers.
Après une brève carrière d’avocat dans l’État de New York, Delos revient travailler dans l’entreprise familiale. Sa carrière en horticulture s’étendra toutefois bien au-delà de l’exploitation de la pépinière. Il est membre fondateur de la Fruit Growers Association of New York State, secrétaire et trésorier de la Fruit Growers Association of Ontario, et participe activement à la rédaction et à l’édition d’ouvrages sur l’horticulture en Ontario. Il sera le rédacteur en chef de la première revue horticole établie au Canada, Canadian Horticulturist, organe de la Fruit Growers Association of Ontario publiée pour la première fois en 1878. Beadle reste à la tête de cette revue, à la fois comme auteur et chef de la rédaction, jusqu’en 1886.
Beadle est également l’auteur de ce qu’on considère généralement comme le premier ouvrage horticole de langue anglaise présenté du point de vue canadien, Canadian fruit, flower, and kitchen gardener: A guide in all matters relating to the cultivation of fruits, flowers and vegetables, and their value for cultivation in this climate. Publié en 1872 par James Campbell and Sons, cet ouvrage est le premier guide pratique sur la culture des fruits, des légumes et des fleurs ornementales dans le contexte canadien. Avec plus de 370 pages de conseils, le livre est conçu pour les jardiniers amateurs et professionnels. Beadle a publié par ailleurs au moins 180 articles dans un large éventail de publications sur l’horticulture, la culture des fruits et autres. Son dernier article, portant sur les plantes carnivores indigènes, a été publié en 1903. Beadle est décédé à Toronto en 1905.
- Auguste Dupuis (1839 – 1922)
Auguste Dupuis
(1839 – 1922)
Premier Canadien français à ouvrir un centre de jardinage en 1860, Québec.
Auguste Dupuis a été le premier francophone à mettre sur pied une pépinière. C’était en 1860 sur un terrain de dix arpents à Saint-Roch-des-Aulnaies, un village reconnu pour ses paysages bucoliques.
C’est lors de ses études à Worcester au Massachusetts que son intérêt pour l’horticulture a pris naissance. Près de son collège, il y avait une pépinière et le jeune Dupuis aimait y travailler durant ses jours de congé.
De retour chez lui, il n’avait rien d’étonnant à le voir réaliser son rêve. Rigoureux dans son approche, il expérimente divers arbres fruitiers provenant des États-Unis et de l’Europe. Rapidement, monsieur Dupuis offrit à sa clientèle diverses variétés de pommiers, de pruniers, de cerisiers et de vignes. La pépinière offrait aussi à ses clients des livres spécialisés et des ouvrages de référence.
Outre son travail quotidien à la pépinière, Dupuis a créé en 1880, l’une des premières sociétés d’horticulture du Québec et certainement la toute première de langue française.
Au cours de la même période, l’homme de Saint-Roch-des-Aulnaies publie en collaboration avec le docteur William Saunders, directeur des fermes expérimentales du pays, un ouvrage sur la situation de la culture fruitière au Canada.
En résumé, Auguste Dupuis aura été non seulement un précurseur en horticulture au Québec, mais aussi un éducateur émérite, constamment en quête des meilleures méthodes de culture. En 1922, Auguste Dupuis reçoit du gouvernement du Québec un diplôme du Mérite agricole.
- William Tyrrell Macoun (1869 – 1933)
William Tyrrell Macoun
(1869 – 1933)
Premier horticulteur fédéral du Canada et architecte de la Ferme expérimentale centrale
Ottawa, Ontario
William Tyrrell Macoun a été un pionnier et un promoteur de l’horticulture au Canada à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Il a notamment occupé le poste d’horticulteur du Dominion à la Ferme expérimentale centrale d’Ottawa de 1910 à 1933. Il entre en poste à la Ferme en 1888, deux ans seulement après sa création, en tant qu’assistant du directeur William Saunders. La Ferme expérimentale centrale a joué un rôle majeur dans l’édification de la nation et dans le développement de l’agriculture au Canada. L’horticulture, pour sa part, est considérée comme essentielle à la création de beaux paysages, tant à la ferme que dans les villes.
Pour Macoun, la promotion de l’horticulture auprès du public est primordiale. Il s’y applique donc avec un grand zèle et toute l’attention au détail du scientifique. Il poursuit plusieurs objectifs en la matière, qui vont de l’embellissement des villes et de la réalisation du rêve du mouvement City Beautiful, à l’éducation et au développement économique. Edwinna von Baeyer, éminente historienne canadienne des jardins, l’a décrit comme « notre homme de la Renaissance de l’horticulture, […] déterminé à donner aux Canadiens les moyens de créer ce qu’il appelait “un nouveau jardin d’Edenâ€, notre propre jardin du Canada1 ».
Auteur prolifique, Macoun a rédigé de nombreux rapports techniques et publications gouvernementales en vue d’améliorer l’horticulture et l’agriculture au Canada. Parmi ceux-ci, mentionnons Culture du prunier : Listes de variétés pour districts de l’Ontario et de Québec; description de variétés (1903), « Bulb culture for the amateur » [Culture des plantes à bulbe pour l’amateur] (1904), « Strawberry culture, with descriptions and lists and varieties » [Culture du fraisier, avec description et liste des variétés] (1909), « Roses rustiques et leur culture au Canada » (1912) et « Vegetable gardening at home and on vacant lots » [La culture du potager chez soi ou sur des terrains vagues] (1918).
Note 1. Von Baeyer, E. (2003). « Creating the Garden of Canada: W. T. Macoun and the Gospel of Horticulture », p. 51, dans Day, B. J., Lovett-Doust, J., Weltman-Aron, B., Ruggles, D. F., von Baeyer, E., et Laird, M. (2003). « The garden: myth, meaning and metaphor », Working Papers in the Humanities, vol. 12, p. 51-88 [https://scholar.uwindsor.ca/hrg-working-papers/12].
- Frère Marie-Victorin (1885 – 1944)
Frère Marie-Victorin
(1885 – 1944)
Fondateur du Jardin botanique de Montréal
Montréal, Québec
Conrad Kirouac nait à Kingsey Falls dans le Centre du Québec en 1885 et grandit à Québec, dans le quartier Saint-Sauveur. En 1901, il fait son entrée au noviciat du Mont-de-La-Salle des Frères des écoles chrétiennes situé dans la Ville de Maisonneuve, où il prend le nom de frère Marie-Victorin.
À 19 ans, lorsqu’il commence tout juste à enseigner au Collège de Saint-Jérôme, il est atteint d’une tuberculose qui le force à ralentir ses activités d’enseignement. C’est durant sa convalescence qu’il s’intéresse à la botanique et qu’il entreprend ses premières herborisations, qu’il poursuivra lorsqu’il sera affecté au Collège de Longueuil.
En plus d’être enseignant, écrivain et dramaturge, Marie-Victorin s’intéresse à la flore laurentienne et publie une trentaine d’articles sur le sujet. Sans avoir fait d’études dans le domaine, il devient en 1920 professeur agrégé de botanique à l’Université de Montréal, où il crée le Laboratoire de botanique (ancêtre de l’Institut botanique) dans un bâtiment de l’Université sur la rue Saint-Denis, et obtient en 1922 son doctorat à titre de premier diplômé.
Outre sa contribution à la fondation du Jardin Botanique de Montréal et de l’Institut botanique, Marie-Victorin participe à l’établissement de plusieurs autres institutions significatives pour l’avancement des sciences et de la connaissance au sein de la population canadienne-française.
Il contribue notamment à la création de la Société canadienne d’histoire naturelle, des Cercles des jeunes naturalistes et de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (ACFAS).
Le Jardin botanique de Montréal reste cependant, selon les dires de l’éditorialiste du quotidien Le Devoir Louis Dupire, l’oeuvre la plus personnelle du frère Marie-Victorin. Il décède en 1944 subitement à la suite d’un accident d’automobile laissant une oeuvre majeure qui dépasse les limites du Québec.
- Lorrie et Howard Dunington-Grubb (1877 - 1945) – (1881 - 1965)
Lorrie et Howard Dunington-Grubb
(1877 - 1945) – (1881 - 1965)
Architectes paysagistes, concepteurs de jardins et créateurs des Sheridan Nurseries
Toronto, Ontario
Les architectes paysagistes Lorrie et Howard Dunington-Grubb grandissent et se forment en Angleterre avant de s’installer à Toronto peu après leur mariage, en 1911. Ils y exercent ensemble, mais à partir de 1928, la contribution de Lorrie sera ralentie par la maladie. Après son décès, en 1945, Howard continuera à pratiquer seul. C’est parce qu’ils n’arrivent pas à trouver les plantes qu’ils souhaitent intégrer à leurs aménagements que les Dunington-Grubb créent leur propre pépinière à Sheridan, en Ontario, en 1914. Cette pépinière deviendra Sheridan Nurseries, et Howard en restera le président jusqu’à sa mort, en 1965.
Au cours de leur carrière, les Dunington-Grubb ont conçu un large éventail de jardins résidentiels privés, de jardins d’entreprises et de projets gouvernementaux, surtout dans le sud de l’Ontario. Ils seront aussi parmi les premiers membres éminents de la profession d’urbaniste au Canada, qui s’est développée à partir de l’architecture de paysage. Parmi leurs principaux projets, citons le parc Gage dans l’ouest de Hamilton, l’aménagement et l’entretien paysagers du campus de 1930 de l’Université McMaster à Hamilton, l’Oaks Garden Theatre et les jardins du pont Rainbow à Niagara Falls, ainsi qu’un grand projet d’aménagement paysager pour l’avenue de l’Université à Toronto. Ils développent une association étroite avec T. B. McQuesten, ce qui les amènera à réaliser de nombreux projets à Hamilton, y compris les jardins de sa maison familiale, Whitehern.
Plus tard dans sa vie, Howard entreprend la création de son propre jardin botanique à Mississauga, le long de la rivière Credit. Le projet restant inachevé à sa mort, la majeure partie du terrain sera vendue à la région de Peel et deviendra le siège de l’Office de protection de la nature de Credit Valley. Sa succession a permis de doter des bourses pour les architectes paysagistes de l’Université de Guelph, de financer la construction d’un grand hall au Jardin botanique de Toronto et de créer le Centre d’études historiques canadiennes en horticulture des Jardins botaniques royaux.
- L’honorable Thomas Baker McQuesten (1882 – 1948)
L’honorable Thomas Baker McQuesten
(1882 – 1948)
Fondateur des Jardins botaniques royaux, du Jardin botanique et de l’École d’horticulture des parcs du Niagara
Hamilton, Ontario
Avocat et homme politique, fondateur des Jardins botaniques royaux ainsi que du Jardin botanique et de l’École d’horticulture des parcs du Niagara.
Avocat et homme politique de Hamilton, en Ontario, Thomas Baker McQuesten est inspiré par le mouvement City Beautiful de la fin du 19e et du début du 20e siècle. Tout au long de sa carrière, il poursuit des projets ambitieux d’aménagement de grands jardins et de parcs urbains. En tant qu’échevin de la Ville de Hamilton, il est membre du comité d’urbanisme et du conseil de gestion des parcs, et contribue, par l’intermédiaire de ces instances, à la création du parc Gage, espace vert de 35 hectares situé à l’ouest de la ville qui comprend aujourd’hui un conservatoire de plantes tropicales et une roseraie. Au milieu des années 1920, McQuesten visite les Jardins botaniques royaux de Kew et d’Édimbourg, ce qui lui donne l’idée de créer un grand jardin botanique au Canada. Au cours des 24 années suivantes, il poursuivra ce projet de création des Jardins botaniques royaux de Hamilton et de Burlington, le plus important de sa carrière.
Bien que n’ayant pas de formation d’horticulteur, McQuesten a une éducation classique et s’intéresse activement aux aspects horticoles des jardins publics et des parcs qu’il crée. Au début des années 1930, il s’associe à l’architecte de paysage Carl Borgstrom et au conservateur en botanique Matt Broman pour la conception et la construction du Jardin de rocaille des hauteurs de Burlington à Hamilton, qui fera plus tard partie des Jardins botaniques royaux. En collaborant avec Borgstrom, Broman et d’autres paysagistes de renom comme les Dunington-Grubb, McQuesten confère à tous ses projets une beauté grandiose, marquée par une attention particulière aux détails horticoles. Dans les années 1930, il est élu à l’Assemblée législative de l’Ontario, devient ministre des Travaux publics et des Transports, et est nommé à la Commission des parcs du Niagara. Pendant son mandat, il y supervise la création de l’École des apprentis jardiniers, aujourd’hui le Jardin botanique et l’École d’horticulture des parcs du Niagara.
- Jennie Butchart (1866 – 1950)
Jennie Butchart
(1866 – 1950)
Creator of The Butchart Gardens
Brentwood Bay, BC
Jennie Butchart est née Jennie Foster Kennedy. Elle a épousé Robert Pim Butchart, membre d’une grande famille qui possédait et exploitait une quincaillerie à Owen Sound, en Ontario. Robert s’intéresse à la fabrication du ciment et sera plus tard le premier Canadien à fabriquer du ciment Portland. En 1902, les Butcharts se rendent sur l’île de Vancouver pour étudier un gisement de calcaire, nécessaire à la production de ciment Portland par la Vancouver Portland Cement Company, nouvellement créée à Tod Inlet.
En 1903, les Butchart déménagent à Victoria avec leurs deux filles et en 1906, la famille s’installe à Tod Inlet, où Jennie nomme le domaine « Benvenuto », mot italien signifiant « bienvenue ». La même année, Jennie commence à aménager son jardin japonais avec l’aide d’Isaburo Kishida, un architecte paysagiste japonais.
En 1908, la carrière est abandonnée, l’extraction commerciale ayant cessé. Jennie commence à embellir le site en plantant des arbres, notamment des pruniers de Perse et des peupliers de Lombardie. C’est ainsi qu’est née l’idée d’un jardin encaissé sur le site, et Jennie a fait apporter des quantités massives de terre végétale pour construire des parterres de jardin. Elle dirigea et participa à toute une série d’actions visant à transformer la carrière en un jardin attrayant, notamment en se suspendant au bord des falaises dans une chaise de marin pour planter du lierre dans toutes les crevasses disponibles. En 1921, le projet de jardin était achevé et il a immédiatement suscité un immense intérêt au niveau local. La nouvelle s’est répandue et la famille Butchart a commencé à accueillir les visiteurs dans cette nouvelle destination horticole, les Jardins Butchart.
Très tôt, les Butchart ont également proposé divers services aux visiteurs des jardins, notamment le service du thé. La popularité des jardins s’est rapidement accrue et, en 1931, Jennie a été nommée « Meilleure citoyenne de Victoria ». En 1939, M. et Mme Butchart s’installèrent à Victoria et offrirent les jardins à leur petit-fils, Robert Ian Ross, qui servit peu après dans la marine canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Pendant son absence, sa mère et sa grand-mère s’occupèrent de Benvenuto.
Robert Pim est décédé en 1943 et Jennie en 1950. La direction de la croissance et des activités du jardin reste une priorité pour la famille. Les jardins Butchart ont été reconnus comme site historique national du Canada en 2004, parce qu’ils représentent une combinaison de trois aspects importants de l’histoire des jardins au Canada. Il s’agit d’un jardin de campagne qui intègre différents types d’éléments de jardin, tels que les traditions japonaises, italiennes et de roseraie ; les jardins évoquent les mouvements d’embellissement des villes et des paysages du début du 20th siècle pour réaliser leurs compositions florales. Les jardins Butchart sont reconnus par Parcs Canada comme une réalisation créative exceptionnelle dans l’histoire du jardinage au Canada.
- Faith Fyles (1875 – 1961)
Faith Fyles
(1875 – 1961)
Chercheuse en botanique, naturaliste et artiste
Ottawa, Ontario
Faith Fyles est née à Cowansville, au Québec, fille d’un pasteur anglais et d’une entomologiste amateur. Après des études à l’université McGill, elle étudie seule la flore du Québec pendant un an, puis devient enseignante. Elle enseigne à Toronto pendant six ans, puis prend une autre année pour voyager et étudier en Europe. Après le déménagement de sa famille à Ottawa en 1909, Faith commence à travailler au ministère de l’Agriculture en tant qu’assistante analyste des semences. Ce travail est considéré comme trop détaillé et exigeant trop de patience pour les hommes. Deux ans plus tard, elle est transférée à la Ferme expérimentale centrale (FEC) en tant qu’assistante botaniste. Elle est également chargée de l’Arboretum de la FEC, une nomination rare pour une femme à un poste professionnel à l’époque. Ses tâches à l’Arboretum comprennent l’identification des spécimens de plantes et des grandes quantités de semences envoyées à la FEC, ainsi que l’étiquetage des spécimens vivants dans les collections. Elle commence également à dessiner des spécimens botaniques pendant son temps libre.
En 1914, elle entreprend un voyage dans l’Ouest canadien et recueille environ 800 spécimens de mauvaises herbes. La même année, elle publie son premier rapport scientifique. Elle illustre et rédige « Principal Poisonous Plants of Canada », publié en 1914, afin d’aider les agriculteurs à identifier les espèces de mauvaises herbes. Au cours des années suivantes, elle entreprend des recherches plus originales et publie d’autres articles scientifiques, souvent accompagnés de ses propres illustrations. En 1920, Faith devient la première jardinière botanique employée par la Division de l’horticulture du ministère de l’Agriculture, sous la direction de W. T. Macoun. Ses aquarelles, d’une grande précision technique, sont utilisées pour illustrer des publications sur la culture des fruits au Canada.
Au début des années 1930, Faith prend sa retraite en raison d’une mauvaise santé, mais elle continue à peindre sur différents supports, présentant ses Å“uvres aux expositions de l’Académie royale des arts du Canada et peignant des scènes de nature et des jardins, notamment pour Lady Bing, l’épouse du gouverneur général du Canada. Faith Fyles est décédée à Ottawa en 1961.
- Isabella Preston (1881 – 1965)
Isabella Preston
(1881 – 1965)
Première phytogénéticienne professionnelle au Canada
Ottawa, Ontario
La « grande dame de l’horticulture canadienne », Isabella Preston, est née à Lancaster, en Angleterre, en 1881. Intéressée par le jardinage dès son plus jeune âge, elle étudie au « Swanley Agricultural College » dans le Kent, en Angleterre.
Après avoir émigré au Canada avec sa sÅ“ur en 1912, elle s’inscrit au Collège agricole de l’Ontario, mais abandonne rapidement les cours. Plus intéressée par l’apprentissage pratique, elle assiste J. Crow, professeur d’horticulture au Collège agricole de l’Ontario, dans la reproduction de plantes. Elle est la première femme phytogénéticienne professionnelle du Canada.
En 1919, elle a croisé deux lys, lys regale et lys sargentiae, pour produire l’une des plantes les plus célèbres du Canada, le lys de Creelman (Lilium × princeps ‘George C. Creelman’). Le lys de Creelman est un lys blanc de six pieds de haut, si étonnant qu’il a fait s’exclamer Howard L. Hutt, professeur émérite d’horticulture au Collège agricole de l’Ontario: « Lorsque je me suis trouvé au collège une semaine plus tard et que j’ai vu deux ou trois des plantes originales d’au moins cinq pieds de haut et portant quinze fleurs, j’ai eu envie d’enlever mon chapeau, même si je ne l’ai pas jeté en l’air ».
En 1920, Preston déménage à la Ferme expérimentale centrale d’Ottawa. Preston y poursuit sa passion en sélectionnant des plantes ornementales spécialement adaptées aux conditions canadiennes et à la rigueur de l’hiver. Isabella sélectionne de nouveaux cultivars de roses, d’ancolies, d’iris de Sibérie, de pommetiers, de lys et de lilas, introduisant près de 200 cultivars différents sur le marché. Elle a écrit de nombreux ouvrages très appréciés sur les lys, les lilas et les iris et était largement considérée comme une rock star de l’horticulture.
Après avoir pris sa retraite en 1946, elle s’est installée à Georgetown, en Ontario, où elle a vécu et jardiné jusqu’à sa mort en 1965.
Son travail sur les lys et les lilas s’est avéré être le plus durable. En 2018, près de 100 ans après l’introduction du lys de Creelman, celui-ci a été redécouvert aux Jardins botaniques royaux de Hamilton, en Ontario, à partir d’un don de bulbes.
- Elsie Reford (1872 – 1967)
Elsie Reford
(1872 – 1967)
Créatrice des Jardins de Métis
Métis, Québec
Elsie Reford est l’une des nombreuses nièces de George Stephen, premier président du Canadien Pacifique. À Montréal puis en Angleterre, elle fréquente son oncle, avec qui elle partage un intérêt pour la politique, l’Empire britannique et la pêche au saumon. En 1918, Stephen lui fait don de la villa Estevan et de ses droits de pêche sur la rivière Métis. Ayant été une hôte assidue des lieux depuis 1903, elle a appris à aimer la rivière, le paysage et les habitants de Grand-Métis. En 1926, elle commence à améliorer le camp de pêche en ajoutant une aile à la villa Estevan pour y accueillir ses invités et son personnel. Elle entreprend également de transformer les champs et la forêt en jardin.
Pendant plus de 30 ans, Elsie Reford créera l’un des plus grands jardins ornementaux du Canada. Selon son fils Eric, elle commence à imaginer un jardin autour de la villa Estevan en 1926, alors qu’elle se remet d’une opération de l’appendicite. Elle conçoit le jardin avant de s’atteler à sa réalisation. Elle donne alors à ses guides de pêche des pelles et des brouettes et c’est ensemble qu’ils entreprennent ce grand projet. Cela prendra 10 ans. Dans les années 1940, son jardin s’étend sur plus de 10 acres et compte plus de 3 000 espèces et cultivars. Grâce à ses voyages annuels en Angleterre et à son réseau de contacts, Elsie Reford réussit à obtenir des plantes et des semences toujours plus délicates et plus rares. Le climat défavorable de Métis, considéré par beaucoup comme trop rude pour la plupart des plantes, s’avère idéal pour les vivaces, en particulier les primevères, le lis et le pavot bleu de l’Himalaya.
De son vivant, les jardins d’Elsie Reford demeurent un paradis privé, car elle ne les ouvre que très rarement au public. Rachetés à Bruce Reford par le gouvernement du Québec en 1961, les Jardins de Métis accueillent leurs premiers visiteurs en juin 1962. Depuis, ils ont été admirés par plus de cinq millions de visiteurs. Reconnus comme un lieu historique national et protégés par le gouvernement du Québec, ils appartiennent désormais aux Amis des Jardins de Métis, un organisme de bienfaisance consacré à leur préservation. Ils sont l’héritage remarquable de l’une des pionnières du jardinage au Canada.
- Frank L. Skinner (1882 – 1967)
Frank L. Skinner
(1882 – 1967)
Sélectionneur de végétaux qui a également introduit plus de 300 plantes dans l’Ouest du Canada, Manitoba.
La famille de Frank Skinner quitte l’Écosse en 1895 pour s’installer à Dropmore, au Manitoba, entre les rivières Assiniboine et Shell, à une trentaine de kilomètres au nord de Russell. Cadet d’une famille de neuf enfants, il cesse de fréquenter l’école à l’âge de 13 ans. Comme la plupart des fermiers de la région sont célibataires et qu’il a six sœurs, il tisse bientôt des liens familiaux avec la plupart des familles du district.
« Les garçons grandissaient en selle, gardant le bétail du matin au soir, car il n’y avait pas de clôtures à l’époque et les vaches allaient partout. » Cela lui donne une formidable occasion d’étudier les plantes indigènes… « J’ai appris à observer ce que je voyais. » Il utilisera plus tard ces plantes pour conférer de la rusticité aux espèces dans son programme de sélection de semences.
Skinner crée la Manitoba Hardy Plant Nursery en 1925. « Cette pépinière lui permet d’offrir son matériel végétal aux jardiniers du Canada et des États-Unis. » À mesure qu’il développe son intérêt et sa connaissance des plantes rustiques, il commence à correspondre avec des collectionneurs du monde entier et à échanger du matériel végétal avec eux. En 1928, il entame une correspondance avec l’horticulteur russe A. E. Woeikoff, directeur des stations expérimentales d’Echo et de Harbin, en Mandchourie. Ils correspondront et échangeront du matériel végétal jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, en 1939. Il se rend à l’Arnold Arboretum de l’Université Harvard, dont il revient « avec un certain nombre de plantes qui avaient été collectées en Asie par E. H. Wilson, y compris le poirier de Mandchourie, Pyrus ussuriensis, qui est devenu un porte-greffe important et la source de la rusticité dans la sélection des poiriers cultivés pour leurs fruits ou pour l’ornementation ».
En tout, Frank Leith Skinner a développé ou introduit près de 400 plantes rustiques au cours de sa vie.
- Wilfrid-Henri et Louis Perron (1897 - 1977) – (1907 - 1990)
Wilfrid-Henri et Louis Perron
(1897 - 1977) – (1907 - 1990)
W. H. est un agronome de premier plan et le fondateur d’entreprises horticoles; Louis est le premier architecte paysagiste canadien-français de formation, Québec
Durant plusieurs décennies, le nom Perron était bien présent dans le monde horticole québécois.
Qui, en effet, n’a pas entendu parler de W.H. Perron, l’aîné des deux frères. Comme le soulignait le doyen de la Faculté d’agronomie de l’Université Laval, monsieur Perron a très largement contribué à jeter les bases techniques et scientifiques de l’horticulture au Québec.
Passionné par ses études en horticulture, tant au Canada qu’à l’étranger, monsieur Perron démarre en 1928 une jardinerie sur le boulevard Saint-Laurent à Montréal. Dès 1930, l’homme d’affaires publie son premier catalogue de semences, un outil qui a grandement contribué à la crédibilité de son entreprise. Publié à 100 000 exemplaires, ce catalogue était expédié principalement au Québec, mais également en Ontario, au Nouveau-Brunswick et même dans certains États américains. Il était devenu, par ses conseils, « le docteur horticole ».
Outre Wilfrid-Henri, son jeune frère, Louis, s’est également distingué dans le secteur horticole. Il a été le premier Québécois à obtenir un diplôme en architecture du paysage de l’Université Cornell, dans l’État de New York. On lui doit notamment l’aménagement de la roseraie et du jardin de sculptures de l’Exposition universelle de 1967 à Montréal ainsi que la création du jardin Jeanne d’Arc au parc des Champs-de-Bataille à Québec.
Les frères Perron, des gens qui portaient en eux une vision du milieu horticole québécois.
- Henry Marshall (1916 – 1994)
Henry Marshall
(1916 – 1994)
Sélectionneur de végétaux qui a introduit des roses rustiques, des chrysanthèmes et de nombreuses autres plantes, Manitoba
Henry Marshall, l’aîné de cinq fils, naît en 1916 près de Miami, au Manitoba, et, sauf au cours des années de guerre, ne s’éloignera jamais de cette région. Grandissant pendant la sécheresse et la dépression, il ira à l’école jusqu’à la neuvième année. Plus tard, en autodidacte, il apprendra la botanique, la génétique et les statistiques, et réussira à hybrider un nombre incroyable de végétaux en croisant des plantes rustiques des prairies avec des plantes plus fragiles d’autres parties du monde.
À une époque où l’on attend des garçons qu’ils « travaillent à la ferme », il est embauché à la station de recherche de Morden.
De 1943 à 1946, Henry sert dans l’armée canadienne en Hollande et en Allemagne. Il parlera rarement de cette période, disant que les seules bonnes choses qu’il en ait tirées sont une expérience en serre et un cours d’horticulture à l’Institut John Innes pendant qu’il attend d’être rapatrié d’Angleterre.Après la guerre, il devient « jardinier » au Centre de recherche de Brandon. En plus de s’occuper de l’entretien des jardins, il commence à y sélectionner des plantes, une activité qui ne plaît pas toujours à ses supérieurs.
Transféré à la station de recherche de Morden en 1970, il y poursuit son travail de sélection jusqu’à sa retraite, en 1981. Marshall sera aussi un auteur prolifique, toujours prêt à transmettre ses connaissances à la communauté scientifique ou aux jardiniers amateurs. Il connaît et aime les collines de Pembina où il a grandi et où il a ramassé, identifié et catalogué plus de 570 espèces de plantes. Une fois à la retraite, il publiera Pembina Hills Flora. En 1981, il fait partie d’une délégation de cinq personnes qui se rend en Chine pour y collecter des semences et des plantes.
- Dr. Joseph Brueckner (- – 1994)
Dr. Joseph Brueckner
(- – 1994)
Hybrideur de rhododendrons
Mississauga, Ontario
Le Dr Joseph Brueckner voit pour la première fois un rhododendron en fleurs sur la table d’un hôtel des Alpes suisses dans les années 1930. Il est loin de se douter qu’il s’agit d’un moment charnière dans sa vie. Né en Hongrie, Brueckner s’installe à St. John, au Nouveau-Brunswick, en 1957, après un séjour en Nouvelle-Zélande. C’est dans les Maritimes qu’il commence à hybrider des rhododendrons pour les adapter au climat rigoureux. Son travail d’hybridation se concentre sur la sélection de deux espèces de rhododendrons afin de produire une plante qui, en plus de résister au froid, pourra supporter les étés chauds et produire de superbes fleurs.
Dans les années 1970, Brueckner prend sa retraite et s’installe avec sa famille à Mississauga, en Ontario. Il y poursuit son travail de sélection dans ce climat très différent, mais où il bénéficie d’une communauté de personnes ayant les mêmes intérêts. Membre fondateur de la Société canadienne des rhododendrons en 1971, il est un membre actif de la communauté des passionnés de rhododendrons au Canada et aux États-Unis.
Brueckner enregistrera au moins 26 cultivars de rhododendrons auprès de la Société royale d’horticulture. En 1988, il remporte le tout premier prix de l’hybrideur de la Société canadienne des rhododendrons. Un ardent défenseur de l’accès public aux rhododendrons, il fait don de nombreuses plantes à un jardin public situé dans un microclimat parfait à Mississauga. Le Jardin de rhododendrons Brueckner est l’une des plus grandes collections publiques de rhododendrons au Canada.
Ces dernières années, la Niagara Rhododendron Society, en collaboration avec la Rhododendron Society of Eastern Canada (RSEC), a entamé une étude de cinq ans pour évaluer la valeur horticole de plus de 100 hybrides développés par Brueckner. D’autres créations de Brueckner pourront ainsi entrer sur le marché et souligner son rôle déterminant dans la création de variétés de rhododendrons adaptées au climat canadien.
- Felicitas Svejda (1920 – 2016)
Felicitas Svejda
(1920 – 2016)
Hybrideuse de la série « Explorer Rose »
Ottawa, Ontario
Felicitas Svejda naît à Vienne, en Autriche. Elle obtient son doctorat en sciences agricoles en 1948 à l’Université des ressources naturelles et des sciences de la vie de Vienne. Elle déménage au Canada en 1953 et s’installe à Ottawa, en Ontario.
Après avoir obtenu son diplôme, Svejda reste à l’université de Vienne où elle travaille comme assistante de recherche en économie agricole de 1947 à 1951. Elle part ensuite travailler en Suède, à l’Association suédoise de sélection des semences pendant un an. Lorsqu’elle s’installe au Canada, elle travaille d’abord pour le ministère fédéral de l’Agriculture en tant que statisticienne dans la division des céréales, de 1953 à 1961, avant d’accepter un poste en sélection des plantes ornementales.
Elle réactive alors le programme de sélection des roses, qui vise à développer des variétés rustiques et remontantes, donc pouvant résister à l’hiver et avoir plusieurs floraisons. Les rosiers disponibles au Canada à l’époque ne pouvaient survivre sans protection hivernale hors des conditions plus chaudes du sud de l’Ontario et des côtes de la Colombie-Britannique. Armée de patience et de détermination, Svejda parviendra à développer une première variété présentant ces caractéristiques au bout de huit ans.
En 1968, elle lance le premier essai national d’arbustes ornementaux au Canada, pour lequel elle envoie des rosiers et d’autres plantes partout en Amérique du Nord afin de tester leur taux de survie dans les climats locaux. La série de rosiers Explorateurs canadiens comprend 25 variétés mises sur le marché de 1968 à 1999. De ces variétés, 13 sont créées au cours de sa carrière, les autres, dans le cadre du programme après son départ à la retraite. Les rosiers de la série Explorateurs sont des plantes rustiques, remontantes et résistantes aux maladies qui ont trouvé leur place dans les jardins publics et les parterres partout au Canada. Svejda a également travaillé avec des arbustes ornementaux : cinq weigelias nommés d’après des danses (Menuet, Rumba, Samba, Tango et Polka), des forsythias robustes nommés « Northern Gold » et « Happy Centennial », et trois faux orangers, dont le « Buckley’s Quill ».
Svejda a reçu plusieurs prix et distinctions. Elle a obtenu un certificat de mérite de la Royal National Rose Society de Grande-Bretagne (1985) et de la Fondation canadienne des plantes ornementales (1999), la prestigieuse Portland Gold Medal (2004) et un doctorat honorifique en sciences de l’Université York de Toronto (2000) pour sa carrière scientifique et ses contributions à l’horticulture ornementale. Elle était également la présidente d’honneur de la Société canadienne des roses.
Le Jardin de rosiers Explorateurs a été aménagé en 2005 à la Ferme expérimentale centrale d’Ottawa pour exposer fièrement les résultats de ses recherches. Il réunit des plantes de la collection originale ainsi que des variétés plus récentes. Svejda était présente à la cérémonie d’ouverture.
En 2010, elle a généreusement fait don de ses dossiers personnels, de sa correspondance et de ses livres à la bibliothèque du Jardin botanique de Montréal.
- Tony Huber (1938 – 2019)
Tony Huber
(1938 – 2019)
Hybrideur qui a créé des centaines de plantes vivaces,Québec
Né en Suisse, Tony Huber travaille pendant plus de 30 ans comme principal hybrideur pour la société W. H. Perron, créant des centaines de plantes, dont beaucoup deviendront des classiques. Il travaille surtout avec des plantes vivaces, créant des variétés telles que Dianthus « Frosty Fire », Arcanthemum arcticum « Red Chimo », Monarda « Pink Tourmaline », Leucanthemum « Glory », Kalimeris mongolica « Summer Showers », Rudbeckia fulgida « Pot of Gold » et Solidago ptarmicoides « Summer Snow », ainsi que quelques arbustes à petits fruits, dont le mûrier sans épines « Per Can ».
Mais on se souviendra surtout de lui pour un arbuste, « Gold Mound » (Spiraea japonica), dont des millions de plants ont été vendus dans le monde entier. Il reste populaire aujourd’hui, plus de 30 ans après sa sortie.
Après avoir officiellement pris sa retraite en 1994, Tony a continué à réaliser des hybridations dans son jardin, notamment avec des iris, pour lesquels il a réussi plusieurs croisements autrefois considérés comme impossibles.
Tony Huber a reçu plusieurs récompenses au cours de sa vie, notamment le prestigieux prix Henry-Teuscher décerné en 1999 par le Jardin botanique de Montréal pour son engagement de toute une vie en faveur de l’horticulture.
- Cornelia Oberlander (1921 – 2021)
Cornelia Oberlander
(1921 – 2021)
Architecte paysagiste et conceptrice de jardins
Vancouver, Colombie-Britannique
Cornelia Oberlander est une architecte paysagiste primée qui a exercé durant la seconde moitié du 20e siècle et au début du 21e siècle. Née en Allemagne, elle émigre aux États-Unis avec sa mère et sa sœur alors qu’elle est encore enfant. Elle étudie au Smith College, puis à la Graduate School of Design de l’Université Harvard, où elle est la première femme à être admise. C’est à Harvard qu’elle rencontre son futur mari, H. Peter Oberlander. Au début de sa carrière, elle s’installe à Philadelphie où elle s’implique dans l’urbanisme communautaire. Après avoir travaillé sur des projets de logements sociaux, elle déménage à Vancouver, en Colombie-Britannique, en 1953. Alors que son mari pratique comme architecte et urbaniste, elle crée dans cette ville son propre cabinet d’architecture paysagère. Elle se forge une réputation pour ses réalisations socialement responsables, hautement collaboratives et soucieuses de l’environnement et du contexte. L’un de ses projets importants est le Centre d’art des enfants d’Expo 67, appelé L’environnement pour le jeu créatif et l’apprentissage. Ce projet l’amène à participer à l’élaboration de lignes directrices nationales pour les aires de jeux et à en concevoir 70 pour des zones urbaines. Elle collabore avec l’architecte Arthur Erickson sur des projets tels que le musée d’anthropologie de l’Université de la Colombie-Britannique et Robson Square. Certains de ses projets les plus importants sont réalisés en collaboration avec des architectes de renom, comme ceux du Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa, de la cour intérieure de l’immeuble du New York Times à New York, ainsi que le plan directeur et le centre d’accueil du Jardin botanique VanDusen à Vancouver. Entre autres distinctions, Cornelia Oberlander est, en 2016, la première personne à recevoir la Médaille du Gouverneur général en architecture de paysage décernée par l’Association des architectes paysagistes du Canada. Elle a été nommée membre de l’Ordre du Canada en 2018.
- Larry Hodgson (1954 – 2022)
Larry Hodgson
(1954 – 2022)
Auteur, diffuseur et communicateur prolifique dans le domaine du jardinage
Québec, Québec
Décédé en octobre 2022, Larry Hodgson aura exercé sa passion pour l’horticulture jusqu’à la toute dernière minute.
Ce chroniqueur, Ontarien de naissance, a habité la ville de Québec durant la majeure partie de sa vie. Le quotidien de cette ville a d’ailleurs publié durant près de 40 ans ses chroniques horticoles.
Il a également publié plus de soixante livres, tant en français qu’en anglais. En plus d’être bien documentés, ses livres avaient toujours une touche d’humour.
Larry Hodgson a aussi été président de GardenComm, principale association de journalistes et chroniqueurs horticoles à travers le monde.
Quoiqu’il aimait se décrire comme un « jardinier paresseux », il travaillait constamment. Outre ses chroniques et ses livres, Larry Hodgson a participé durant plusieurs années à des émissions de télé et de radio consacrées au jardinage. Et comme ce n’était pas suffisant, il était un conférencier recherché auprès des sociétés d’horticulture, tant en français qu’en anglais en plus d’organiser des voyages dans les plus beaux jardins du monde.
Pas surprenant d’apprendre que son blogue a généré plus de 15 millions de vues dans la seule année 2021, en plus d’avoir remporté l’or aux GardenComm 2022 Media Awards.